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Accompagner le Deuil avec la Sophrologie

Pourquoi j’ai choisi de travailler sur l’accompagnement au deuil

J’ai vécu plusieurs deuils et, le plus souvent, je ne me retrouvais pas dans le discours de l’entourage, proche ou moins proche : c’est la vie (ou la vie continue), passe à autre chose, tourne la page, il faut avancer, reprends le fil de ta vie, tu ne peux rien y faire, etc. L’impression aussi qu’il y a un temps « normal » pour avoir du chagrin et le manifester et qu’au-delà, je dérangeais. Je ne crois pas avoir fait mes deuils ; ces deuils m’ont traversée et ont laissé des traces, je garde en moi les personnes disparues, elles sont une force, une présence intérieure et parfois, je ressens encore du chagrin, de la tristesse en pensant à eux. Pourtant, ma vie ne s’est pas arrêtée, loin de là.
La sophrologie fait partie de ma vie depuis 15 ans et j’ai pu constater combien elle pouvait être un appui lors d’un deuil récent. C’est pourquoi je me suis formée à l’accompagnement au deuil et c’est ce que je souhaite partager en vous accompagnant.

Accompagner le processus de deuil

Le deuil nous concerne tous et il y a autant de deuils que d’endeuillé.e.s, chacun.e vit un processus unique.

Le deuil ne se « fait » pas, ne se « gère » pas, c’est un cheminement, un processus non linéaire et évolutif.

Et si chaque nouveau deuil vient raviver les précédents, c’est à chaque fois une expérience différente selon la relation que l’on entretient avec la personne décédée, les circonstances de sa mort, son âge, le moment de notre vie où cela se produit, etc.

Tout le monde n’a pas besoin d’un accompagnement, que ce soit avec un psy, un sophrologue ou un hypnothérapeute, le deuil n’est pas une maladie à guérir ! Mais de même que certain.e.s ont besoin d’un soutien médicamenteux, certain.e.s tireront bénéfice d’un suivi thérapeutique qui leur ouvrira un espace sécurisé où laisser s’exprimer leurs émotions.

Concernant le deuil en général, je vous renvoie bien évidemment aux ouvrages de Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute, spécialisé dans l’accompagnement des ruptures de vie et notamment à son ouvrage « Vivre le deuil au jour le jour » (1) où il répond, avec beaucoup de clarté, aux questions que l’on se pose quand on souffre d’un deuil ou qu’un proche en souffre. Ce livre est en lui-même un véritable accompagnement, rassurant et réconfortant.

Sur le site qu’il a créé (2) Christophe Fauré définit le deuil de la façon suivante : 

« Le deuil signe la rupture du lien émotionnel avec l’être aimé. Cela entraîne de facto le processus de cicatrisation du lien coupé. C’est en cela que consiste le processus de deuil. C’est une incroyable intelligence qui sait exactement comment procéder pour cicatriser la blessure intérieure et préserver l’intégralité du psychisme.

L’intensité du deuil est proportionnelle au degré de l’attachement à la personne disparue.

Il n’existe pas de deuil type, de normes absolues, le deuil est une expérience unique pour chacun. Il n’est donc rien qui soit « anormal » dans ce qui est vécu. » 

Comment la sophrologie peut-elle accompagner le processus de deuil ?

Dans une période où l’on est bien souvent « coupé de soi », la sophrologie va permettre de se relier à son corps, à ses sensations, à revenir au présent quand l’esprit est bien souvent accaparé par le passé et angoissé par le futur. L’accompagnement sophrologique permet d’entrer en contact avec ses émotions et offre l’espace pour les exprimer. Petit à petit, d’autres émotions, d’autres sensations seront ressenties, des ressources vont se mobiliser et la personne endeuillée pourra intégrer sa perte, se remettre en mouvement et réinvestir sa vie.

Un témoignage

Martine est venue me voir suite au décès de son frère qu’elle avait accompagné tout au long de sa maladie ; elle lui était très attachée et se sentait « brisée » et aussi « abandonnée ». Elle s’était totalement investie dans l’accompagnement, sans se préoccuper d’elle-même.

Au début des séances, elle a affronté des émotions auxquelles elle ne s’attendait pas comme la culpabilité (je n’ai pas réussi à l’empêcher de mourir) la colère (mais pourquoi m’a-t-il laissée ?), l’angoisse du « vide« , et aussi un chagrin très profond lié à l’attachement qu’elle avait eu pour ce petit frère chéri. Elle a aussi identifié une forme de culpabilité quand elle passait un bon moment, comme si elle l’oubliait, et cela la terrifiait. Petit à petit, elle a recommencé à penser à elle, à se créer des espaces de ressourcement, à « délier » son corps… elle a écrit une forme de journal de deuil qui l’a beaucoup soulagée et nous avons élaboré ensemble un rituel qui l’a aidée et lui a permis d’accepter peu à peu un futur sans la présence physique de son frère, mais avec lui tout de même. Elle a retrouvé de l’élan, de l’envie, s’est autorisée la douceur, le plaisir. Elle m’a écrit « c’est vrai que ce chemin était long, que parfois, je me suis découragée, mais aujourd’hui, je sais que ça valait vraiment la peine « .

Sophrologie et deuil périnatal

Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre 22 semaines d’aménorrhée et le 7ᵉ jour après sa naissance.

La perte d’un enfant pas encore né ou juste né est un traumatisme souvent minoré par l’entourage ; ainsi une jeune femme qui avait perdu son bébé à 5 mois de grossesse s’est-elle entendue dire  » ça aurait quand même été pire si tu l’avais réellement connu« … À une autre, on a dit  » mais tu en auras d’autres !  » Pire, moins pire, les comparaisons n’ont aucun intérêt et n’apportent aucun soulagement quand on est en deuil. Et peut-être que d’autres enfants viendront, mais c’est celui-là qui est perdu. Ce n’est pas seulement du bébé qu’il faut faire le deuil, c’est de tout le futur avec ce bébé. Tout ce qu’on a imaginé, rêvé, préparé… C’est aussi le deuil de soi-même/parent si c’est le premier.

La sophrologie va doucement aider à se reconnecter à soi, à mettre à jour les émotions (chagrin bien sûr, colère contre des proches, des médecins, son conjoint.e…, culpabilité de n’avoir pas réussi à garder ce bébé en vie, rejet du corps qui a trahi…) et à les pacifier ; faire le deuil de ce bébé ce ne sera pas l’oublier, mais lui donner sa place dans l’histoire familiale sans cristalliser sur son décès. On pourra, selon les personnes, proposer l’écriture d’un journal de deuil, élaborer un rituel.

Souvent, les pères manifestent moins leurs émotions et on peut avoir l’impression qu’ils ne ressentent rien, ou qu’ils sont moins touchés ; l’espace ouvert en sophrologie peut ainsi permettre à un homme de ressentir à sa façon les émotions qui le traversent, comme à un couple de bénéficier, ensemble, d’un moment de douceur partagé.

Les étapes du deuil

Elles sont seulement indicatives ! Inutile de se culpabiliser parce qu’on ne les traverse pas ou pas dans le « bon » ordre !

Il est préférable de ne pas se laisser enfermer dans des normes (les étapes, la durée « normale » du deuil) et vivre, de son mieux, son expérience singulière et unique de la perte. Et des liens qui perdurent ; beaucoup de personnes ont l’impression que ce lien se poursuit : rêver de l’absent.e, l’entendre, être témoin de synchronicités… personne n’a de réponse et ne sait mieux que vous.

Il suffit de se promener dans les cimetières pour voir que les vivants parlent à leurs morts…

« J’ai remarqué que les théories du deuil sont extrêmement normatives et reposent sur des prémisses sérieusement à questionner selon lesquelles les morts seraient morts définitivement, n’auraient plus droit à l’existence, parce que quand ils sont morts et enterrés, il n’y a plus rien, c’est le néant. Mais la plupart des gens ne pensent pas comme ça. Je ne dis pas qu’ils sont convaincus qu’il y a une vie après la mort, c’est beaucoup plus compliqué que ça. Et donc les psys présupposent que, d’une certaine manière, le deuil passe par des étapes – le déni, la colère, etc. –, et pour finir par une étape tout à fait saine qui fera que vous allez accepter que le mort est réellement mort et qu’il ne sera plus jamais là, et vous allez vous détacher de lui pour pouvoir recréer de nouvelles relations. Moi, j’appelle cela la domestication des psychés : voilà comment vous devez faire normalement. » Vinciane Despret



Notes

(1) https://www.christophefaure.com/vivre-le-deuil-au-jour-le-jour
(2) https://mieux-traverser-le-deuil.fr/